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Je suis de retour à Kinshasa 7 ans après ma première visite. Voyons si les choses ont évolué !
Liens rapides :
Autour du Boulevard du 30 juin |
Autour du Boulevard du 30 juin
Mon hôtel et les locaux où je vais travailler se trouvent à Gombe, au centre-ville de Kinshasa, près du boulevard du 30 juin, une des principales artères de la ville.
Sur ces photos, les rues sont goudronnées mais la plupart des autres rues sont en terre battue, ce qui permet aux ordures accumulées, notamment les bouteilles en plastique, de commencer à sédimenter…
Le long du fleuve Congo
Une des collègues congolaises nous fait découvrir le quartier chic de la Raquette, avenue des Nations-Unies, le long du fleuve Congo.
On passe devant la Résidence Ambassade des USA, donnant sur le fleuve.
Profitant d’un trou dans une palissade, on voit le fleuve.
De l’autre côté du fleuve se trouve Brazzaville et son fameux pont, la capitale de l’autre Congo, la République du Congo (sans le « Démocratique »).
Puis nous allons de l’autre côté de la pointe de Kalina, avenue du Fleuve. On a toujours une belle vue sur « Brazza » de l’autre côté du fleuve.
Nous restons là un bon moment car notre voiture refuse de repartir… Du coup on peut admirer les lumières de Brazzaville la nuit.
Vers l’Est, on distingue les tours de l’hôtel Hilton.
Dire que nous avons déambulé là un vendredi soir et que le dimanche matin suivant a eu lieu une tentative de coup d’état faisant trois morts ! Quelques dizaines d’hommes en treillis militaire dont trois Américains et un Britannique, brandissant le drapeau du Zaïre, ont ouvert le feu sur le domicile du premier ministre et ministre de l’économie. Puis les insurgés ont pénétré dans le palais de la Nation situé dans le même quartier où ils ont été « neutralisés ».
Lieux d’art
Nous visitons d’abord l’espace Texaf Bilembo, situé non loin de l’Ambassade de France.
Cet espace, issu de la reconversion d’une ancienne usine textile, expose de nombreuses oeuvres d’artistes congolais, comme notamment les oeuvres très expressives du peintre originaire du Kasaï oriental Bertin M’Baya Bamwanya ;
ou encore de peintures dénonçant les exactions et mauvais traitements commis lors de la période de colonisation belge ;
ci dessous l’oeuvre d’Ilunga Kitunga Norbert.
La colonisation est révolue mais l’exploitation économique par les puissances étrangères continue, notamment le pillage des ressources minières, comme le dénonce ce tableau de Cheri Benga, le plus connu des peintres congolais contemporains.
« Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors seulement vous vous apercevrez que l’argent ne se mange pas ». Cette citation amérindienne est plus que jamais d’actualité.
A l’étage, une immense salle est réservée aux expositions temporaires. Elle a gardé son décor de style art-nouveau.
Cap ensuite sur la galerie « Symphonie des Arts » située dans un agréable jardin tropical où se côtoient plantes luxuriantes et perroquets multicolores.
Au milieu du jardin trône une imposante fontaine-poisson.
Outre de nombreux objets artisanaux, on y trouve des tableaux de peintres congolais comme ceux de Moké Fils. Fils aîné du grand peintre Moké, il est aujourd’hui un des plus fameux représentants de la peinture sociale et populaire congolaise. Par le biais de la caricature, ses tableaux, comme « Pasteur Patron » ci-dessous, évoquent la vie courante à Kinshasa, à la fois chaotique et haute en couleur.
A Kinsuka
Poursuivant notre route vers l’Est, nous nous arrêtons au bord du fleuve à Kinsuka chez Luk’s Grill and Bbq ou un établissement voisin, ce n’est pas très clair. Les plats mettent un temps interminable à venir, ce qui donne l’occasion d’admirer le fleuve, de se faire dévorer par les moustiques, d’écouter des musiciens jouant sur des instruments de bric et de broc, et de discuter avec un pasteur ayant une conception quelque peu éculée des rapports hommes / femmes. Il a 5 enfants, ce qui est peu comparé à la moyenne nationale.
Depuis le bui-bui, outre un héron garde-boeufs, on aperçoit un étrange aqueduc qui s’arrête au beau milieu du fleuve dont on se demande bien à quoi il sert.
Sur la route de retour à l’aéroport
Sur la route de l’aéroport, on voit les vestiges d’un terrible accident qui a eu lieu 3 jours plus tôt, notamment les épaves d’un camion avec une grosse remorque et d’un mini-bus. Cette route est énormément fréquentée, par d’énormes camions, des bus, des voitures, des motos, des piétons… On peut mettre de 30 minutes à 3 heures pour rallier l’aéroport depuis le centre-ville de Kinshasa selon l’état de la circulation !
Apparemment, le 16 mai 2024 aux alentours de 11 heures, le chauffeur du camion a perdu le contrôle de son véhicule qui a traversé les voies pour aller s’encastrer dans un taxi-bus, bondé comme toujours. Le taxi-bus a été sévèrement endommagé, tandis que le camion remorque est resté immobilisé sur les lieux de l’accident pendant plusieurs heures. Les corps des victimes, abandonnés à même le sol, témoignaient de l’ampleur de la tragédie. D’autres sources affirment que le camion remorque était en stationnement sur la chaussée. Toujours est-il qu’au moins 24 personnes ont perdu la vie…
Le taxi-bus sinistré est un véhicule-fourgonnette de marque Mercedes Sprinter 207 communément appelé « esprit de mort », on comprend pourquoi…
Le choc a été d’une violence rare © topcongo.live |
Les badauds se pressent autour du lieu de l’accident © Foxtime.cd |
Ce qu’il reste du taxi-bus… © 7sur7.cd |
Scène horrible des corps jonchant la chaussée © lequotidienrdc.com |
Cette insécurité routière est l’une des nombreuses conséquences de l’absence quasi-totale d’Etat : le non-respect des normes et l’absence de contrôle entraînent la dégradation de l’état des véhicules rarement soumis aux contrôles techniques.
ça me fait penser à nos interlocuteurs congolais qui se moquent gentiment de nous en disant : « en France qu’est ce que vous payez comme taxes et impôts! » Oui mais nous en France avec cet argent des taxes et impôts on a encore un semblant de service public : l’éducation est quasi-gratuite, tout le monde peut à peu près se soigner, La Poste assure l’acheminement du courrier et la SNCF assure le fonctionnement des trains, même s’il y aurait beaucoup à dire sur ses deux institutions malades… Ici en RDC on observe ce qui nous attend peut-être en France dans quelques décennies : la démission de l’Etat et des services publics, qui conduit à la loi de la jungle dans les rues, sur les routes, et partout dans la société.
Lire à ce propos l’article édifiant écrit par Eugène Ngimbi Mabedo pour l’Intermédiaire-Infos.
Je prends l’avion dans la soirée de la tentative de coup d’état, avec suspicion d’aide étrangère, du coup la sécurité est ultra-renforcée à l’aéroport !
Comme toujours au départ de la RDC, il y a ce racket organisé qui vous oblige à payer 55 dollars en liquide pour obtenir votre fameux « Go-Pass », indispensable à l’obtention de votre carte d’embarquement. Les sommes récoltées sont soi-disant destinées à l’amélioration des infrastructures aéroportuaires. Mouais…
Ne restons pas sur ces côtés négatifs! Les interlocuteurs intéressants et chaleureux ainsi que la découverte d’artistes congolais talentueux ont rendu cette semaine de mission passionnante.