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18 mois à Bangalore…

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LE DÉPART, ENFIN

Après plusieurs mois d’attente que la date du départ soit enfin connue, quelques jours pour boucler les valises (ou plutôt les grosses malles en plastique achetées à la hâte dans un magasin de bricolage), 2 heures de TGV pour relier Nantes à Paris, le RER interminable jusqu’à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, une petit vol de liaison jusqu’à Amsterdam (KLM oblige…) et c’est enfin le grand départ vers Bangalore ! (il faudra encore une escale mouvementée à Bombay pour y arriver enfin).

C’était mon destin de m’installer en Inde : déjà, dans mon ancienne société, j’étais la personne qui devait partir sur un projet indien mais le projet a capoté… Ce départ tombe à pic car j’ai de plus en plus de mal à supporter la France et la civilisation occidentale qui se résume à l’omniprésence de la publicité, la consommation effrénée érigée comme seul mode de vie possible, l’individualisme forcené et la recherche permanente du profit maximal, même aux dépends de vies humaines ou bien de la planète toute entière. Je verrai qu’en Inde les aspirations des gens ne sont finalement pas si différentes… en dehors du fait qu’il y a tout de même des occasions qui priment sur tout : un Hindou ne ratera jamais sa pooja du vendredi, dusse t-il passer à côté du contrat du siècle…

Ma fille Nadège et moi nous arrivons en Inde, encore tout auréolés de la gentillesse de mes collègues qui ont débarqué à l’improviste pour finir le bouclage des malles et nous dire au revoir sur le quai de la gare avec un magnifique livre sur la Bretagne, histoire que, sous les tropiques, on n’oublie pas notre toute fraîche région d’adoption !

LES PREMIERS JOURS

Arriver en Inde, c’est un choc ! Il y a d’abord une chape de chaleur humide qui vous tombe dessus à la sortie de l’avion à Bombay. Et puis l’Inde au quotidien, c’est l’exacerbation de tous les sens : des couleurs, des bruits, des odeurs (les fleurs dans les cheveux des femmes, leur parfum, ainsi que malheureusement pas mal d’odeurs d’égout) à profusion. Le toucher n’est pas en reste avec toute cette foule qui se presse contre vous. Quant au goût… il y a plein de saveurs nouvelles (et souvent épicées) à savourer.

Les Indiens sont naturellement curieux et assez sans-gêne. Bien que Bangalore soit décrite comme la cité des nouvelles technologies ouverte sur l’Occident, ses habitants n’ont semble t-il pas l’habitude de voir des « blancs », et encore moins des blondes comme Nadège… On nous demande sans cesse comment on s’appelle, d’où l’on vient, on veut toucher les joues et les cheveux de Nadège… C’est sympa et amusant au début, mais çà devient vite lassant. Ce qui agace le plus Nadège en fait, c’est de se faire appeler sans cesse « baby », à 8 ans ça passe mal ! Une fois, on est allé se baigner du côté de Chennai et quand on est sortis de l’eau pour s’essuyer, il y avait tout un cercle de gens autour de nous, on se serait cru comme des animaux dans un zoo.

Il y en a une qui détonne !
Il y en a une qui détonne !

Ce qui frappe aussi dès qu’on est dans la rue, c’est cette impression de bordel géant. Je dois avouer que cet aspect m’a bien plu, venant de France où tout est policé, encadré, contrôlé, pasteurisé, à peu près prévu (il faut des assurances pour tout et n’importe quoi), alors qu’ici c’est plein de vaches dans la rue, de détritus, de camions prêts à se renverser (HORN OK PLEASE !), de vélos chargés de plusieurs m3 d’affaires, de rickshaws pétaradants, de marchands de thé hurlant chaiééééééé, de temples multicolores, de sable qui vous rentre dans les narines, de gosses qui viennent quémander une pièce, tout çà au milieu d’hommes d’affaires en costume-cravate.

Merci à Serge et Pascale qui nous hébergent le temps que l’on trouve un appart. On va le trouver sur Nandidurg(a) Road.

Notre immeuble à Nandidurg Road

Dans notre rue se trouve un boui-boui tenu par Benny où on peut manger des spécialités locales, ça va vite devenir notre cantine où je vais ingurgiter des quantités astronomiques de « Chicken Tikka » et « egg fried rice » !
Je garde comme souvenir le parcours à pied entre le resto et chez nous sur des trottoirs défoncés où on voit courir rats et cafards sous les briques disjointes, brrr…
On a fait ami-ami avec Benny
Nadège et Benny

PASSAGE AU GOVERNMENTAL HOSPITAL

Sans doute mon plus mauvais souvenir de ce séjour en Inde… Comme je reste longtemps, je dois me faire enregistrer comme résident indien (ce qui comporte en outre quelques menus avantages, comme payer l’entrée des sites touristiques en roupies et non en dollars). Le hic c’est que pour obtenir le précieux sésame, il faut prouver que l’on n’a pas le SIDA, et pour çà se faire prélever du sang dans un hôpital gouvernemental. Ces hôpitaux sont gratuits… et on comprends pourquoi en y entrant ! En plus comme je n’arrivais pas à trouver la bonne salle j’ai du essayer plein de salles remplies de mourants, de gens gisants sur des « brancards » (en béton !) pour finalement trouver le bon endroit. Heureusement le préleveur utilise une seringue qu’il déballe d’un emballage en plastique, elle doit donc être neuve, par contre il me colle un coton déjà usagé et plein de vieux sang pour éponger mon bras!

LES COLLEGUES

Je suis intégré à une équipe franco-indienne, et c’est l’occasion de découvrir des cultures et mentalités différentes (en particulier hindous de Bangalore et musulmans de Delhi). Les réunions de présentation de notre travail sont parfois impressionnantes :
Réunion au BWSSB (photo Clarisse BROCHIER). C'est moi là devant l'écran, avec la chemise jaune...

Le gugusse en chemise jaune devant l’écran qui essaie de parler anglais c’est moi… Mais heureusement l’ambiance n’est pas toujours aussi studieuse !

Pot de départ de Clarisse

Une partie de la fine équipe :

L'équipe d'IRAMconsult

LES SPÉCIALITÉS LOCALES

On s’est mis à l’habillement local ! Les femmes portent des saris ou des ensembles appelés salwar kameez (robe et pantalon) avec duppatta (longue écharpe). Les hommes portent une chemise et un dotti (sorte de serviette) ou un pantalon. Pour les cérémonies, ils mettent une kurta
Nadège et Thierry essaient de passer incognito

Le sport national est le cricket, très populaire! Il faut voir l’engouement que suscite un Inde-Pakistan, surtout si l’Inde gagne! Les règles sont compliquées à comprendre pour nous autres qui n’avons pas l’esprit tordu d’un anglo-saxon mais je finirai par les assimiler à force de voir les matchs à la télé
Enfants jouant au cricket

Une autre spécialité nationale, le henné sur les mains pour protéger du mauvais oeil
Main au henné pour Nadège

Et bien sûr d’innombrables spécialités culinaires toutes plus délicieuses les unes que les autres ! C’est parfois très très très épicé… Et il arrive que, quand on mange le même plat avec mon collègue Javed, la fumée me sorte par les yeux et les oreilles tandis que lui rajoute du piment…

CONDUIRE EN INDE

Comme prendre le bus est plutôt suicidaire (arrêts non matérialisés qui n’existent que dans la tête du chauffeur, bus qui débordent de gens jusque sur le toit ou accrochés à la porte de devant et surtout conducteurs qui conduisent comme s’ils jouaient dans le film Speed), une option à peine plus raisonnable consiste à acheter une voiture.
J’avais toujours rêvé d’avoir une Rover, rêve exaucé pour quelques dizaines de milliers de roupies. Comme tout se fait en liquide ici, je dois dévaliser ma banque
les billets nécessaires pour acheter ma Rover

Hélas, le rêve tourne vite au cauchemar car la Rover n’est pas du tout adaptée aux routes indiennes et est plus souvent en panne, comme ici, qu’en état de marche
ma Rover, encore une fois en panne

L’avantage c’est qu’à force de fréquenter mon garagiste il deviendra mon ami (même s’il a peur de notre chat, noir). Je serai même invité à son mariage, bien différent des mariages de chez nous!
Le principal désavantage c’est que lors d’une des nombreuses pannes (on avait carrément perdu toute l’huile), on a du s’arrêter et se restaurer dans un resto désert où j’ai chopé un terrible « food poisining » qui ma tenu alité une semaine. C’est d’ailleurs la seule fois du séjour où j’ai été malade! Ici pas de rhume, angine, rhino-pharyngite…

Quand la voiture n’est pas en panne, il faut être concentré pour conduire en Inde! Il faut éviter les trous dans la route, les vaches, les 2 roues surchargées de personnes et de marchandises, les voitures à bras sur les cotés et surtout les autres véhicules. Les indiens qui sont d’ordinaire si placides semblent se transformer dès qu’ils sont au volant en personnes sur-excitées dont le seul but dans la vie est de vous doubler à grand renfort de coups de klaxons. Il y a un carrefour à Bangalore sur une route à 2×2 voies avec 2 feux de circulation qui se font face. Quand les feux sont au rouge, les voitures s’alignent sur les 4 voies de chaque côté, et quand ça passe au vert tout le monde démarre en même temps sur les 4 voies ! ça se termine en queues de poissons et coups de klaxons sans trop de chocs frontaux…

En roulant, on rencontre beaucoup de bus encastrés dans des arbres ou tombés dans un fossé ou un ravin, ce qui renforce ma conviction du départ de ne pas mettre un pied dans un bus! On croise aussi toutes sortes de véhicules improbables, comme ce camion à moitié fini
camion à moitié fini

Mais ce qu’on voit tout le temps, et ce qui est devenu le symbole de l’Inde pour Nadège et moi, c’est HORN OK PLEASE derrière chaque camion !
HORN OK PLEASE ! © TruckSuvidha.com
(photo © TruckSuvidha.com)

LA VILLE

Le développement de la ville étant assez récent, on y trouve peu de monuments historiques. Il y a tout de même, dans Cubbon Park :

Attara Kacheri, construit en 1884, siège de de la haute cour de justice du Karnataka, la province dont Bangalore est la capitale
High Court of Karnataka

Vidhana Soudha, le siège du pouvoir législatif de l’État du Karnataka
Vidhana Soudha

Le palais de Tippu Sultan
Palais de Tippu Sultan

Une rue typique avec son tas d’ordure, sa vache et son Ambassador. Le tas d’ordure devrait être plus imposant et bien sûr il manque la foule pour faire vraiment authentique !
Une rue calme de Bangalore

Les singes sont omniprésents dans la ville. De temps en temps ils rentrent par la fenêtre dans une maison et volent une banane
Famille singe

Bangalore est surnommée « The Green city » grâce à ses nombreux parcs et lacs [edit 2022 : ce n’est plus du tout vrai maintenant hélas!]
Bangalore, the green city

Au parc pour enfants

Le plus grand de ses parcs est le jardin botanique de Lalbagh, en plein milieu de Bangalore, où on aime bien aller se promener le week-end.
Nadège à Lalbagh

Nadège à Lalbagh

Il y a d’autres aspects moins réjouissants dans la ville :
Les bidonvilles poussent à l’ombre des panneaux publicitaires
Un bidonville se déploie à l'ombre des panneaux publicitaires

LES ENVIRONS

Les environs de Bangalore sont très riches en coins où la nature est magnifique.
Venez les découvrir dans l’article Balades autour de Bangalore

Encore plus loin :
Vacances au Tamil Nadu
Week-end à Hyderabad
Escapade à Hampi
Vacances de Noël à Goa
Retour en Inde !

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4 Comments

  1. Beuzeling

    2 juillet 2007 at 14 h 02 min

    Dommage que l’on se soit connu si tard. J’aurais tout abandonné pour vivre une expérience pareil.
    Pour Nadège, un atout incontestable pour son avenir.
    Quel dépaysement!

    Reply

  2. Laury

    3 juin 2016 at 15 h 17 min

    Ca va vous avez l’air de bien vous amusez sauf peut-être l’hopital.. Mais j’en suis jalouse, ça doit ouvrir les yeux sur beaucoup de choses et nous faire voir un tout autre horizon.

    Reply

  3. thivi

    3 février 2022 at 20 h 21 min

    Re-numérisation des tirages photo à 300 dpi et ajout de 12 photos, découpage de l’article en 2 avec création d’un article dédié aux environs de Bangalore

    Reply

  4. Ingris

    30 juin 2022 at 10 h 17 min

    Quel voyage ! Je vais partir en thailande bientot !! j’ai tellement hateeeee !!!

    Reply

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